La Sétoise Cécile Échalier vient de recevoir une bourse de 15 000 € de la Fondation L'Oréal pour ses travaux innovants. Âgée de 26 ans, elle soutiendra sa thèse à Montpellier en novembre.
Les lego au service de la science
Remplacer un rein lésé, régénérer un cartilage usé ou encore greffer une peau artificielle… Autant de défis qui pourraient être solutionnés grâce à un gel formé de molécules hybrides capables de s'assembler comme des Lego®. C'est l'idée développée par la Sétoise Cécile Échalier, 26 ans, actuellement en thèse à l'université de Montpellier. La jeune chercheuse, 26 ans, vient d'être récompensée par la Fondation L'Oréal, pour ses travaux, par une bourse de 15 000 €.
Parlez-nous de la bourse L'Oréal-Unesco ?
C'est une bourse que la fondation L'Oréal attribue en partenariat avec l'Unesco et l'Académie des Sciences, afin de récompenser des doctorantes ou des post-doctorantes pour leurs travaux de recherches. Cette année, il y a eu plus de mille candidatures dans tous les domaines des sciences dites “dures” (la chimie, la biologie, la physique, les mathématiques). Seules trente ont été retenues parmi lesquelles treize doctorantes et dix-sept post-doctorantes.
Son cursus : native de l'Ile singulièreCécile Échalier est née à Sète. Elle est allée à l’école maternelle Hélène-Boucher puis à l’école primaire Lakanal. Elle a ensuite connu les deux collèges Victor-Hugo. Puis fréquenté le lycée Paul-Valéry avant de partir, une fois son bac en poche, à Montpellier, pour intégrer la faculté de sciences. "J’aimerais à la fois pouvoir combiner la recherche et l’enseignement car nous avons la chance de pouvoir faire les deux dans le métier de maître de conférence. Pendant mes trois ans de préparation de thèse, j’ai eu la chance d’enseigner à l’IUT des Sciences de Sète. J’ai donné des heures de travaux pratiques en chimie organique. J’ai adoré. C’est un moment d’échanges, de partage avec, pour finalité, d’essayer de transmettre ce que j’ai appris."
Quel projet avez-vous présenté à la Fondation ?
Le domaine de recherche dans lequel je travaille est l'ingénierie tissulaire. Concrètement, on essaye de fabriquer des matériaux qui ont pour objectif de recréer le plus précisément possible l'environnement naturel dans lequel se trouvent les cellules et aider ainsi les tissus humains à se régénérer. Il s'agit d'un gel capable de s'adapter à chaque tissu. Par exemple, une personne souffrant d'arthrose pourrait bénéficier d'un matériau pouvant aider son cartilage à se reformer. Une alternative qui pourrait aussi s'appliquer aux grands brûlés. À terme, on pourrait carrément imaginer fabriquer des organes artificiels, qui seraient utilisés pour des greffes.
Cela représenterait une véritable révolution médicale...
Je ne suis pas la seule à travailler dans ce domaine. La nouveauté que l'on a apportée, elle se trouve au niveau chimique. Pour ce faire, on s'est inspiré des briques de construction Lego®. En fabriquant des molécules capables, à la manière des Lego®, de s'assembler les unes avec les autres. Elles ont cette capacité à s'imbriquer parce qu'elles se situent à l'interface entre la chimie du vivant, appelée la chimie organique, et la chimie minérale ou inorganique. Cette idée est venue d'une collaboration entre deux instituts auxquels j'appartiens, l'Institut des biomolécules Max-Mousseron et l'Institut Charles-Gerhardt, au sein de l'université de Montpellier. C'est en combinant l'expertise de ces deux instituts qu'est née l'idée de faire des molécules hybrides.
Avec combien de personnes travaillez-vous ?
Trois doctorantes s'apprêtent à prendre ma relève. L'une a commencé en octobre. Les deux autres arrivent en novembre. Car, ce même mois, je vais soutenir ma thèse qui va me donner mon grade de docteur. Mon contrat doctoral s'arrête. Je vais donc partir ailleurs pour poursuivre sur un autre projet de recherche en qualité de post-doctorante.
N'est-ce pas trop frustrant ?
Non, car je suis contente de savoir que d'autres personnes vont continuer à travailler dessus. C'est beaucoup plus frustrant de savoir que le projet va s'arrêter. Je sais que la relève est assurée. On nous demande une grande mobilité géographique et thématique, d'où l'importance de ne pas continuer à travailler sur mon projet, même si je l'adore.
À quoi vont servir les 15 000 € ?
La bourse va me permettre d'acheter une imprimante 3D pour imprimer les matériaux que l'on fabrique avec exactement la forme du tissu à remplacer chez le patient. C'est une imprimante pouvant fonctionner avec des cellules vivantes. Là, il s'agit d'un petit modèle développé par des étudiants américains. Il coûte 10 000 dollars. Sachant que pour un gros modèle, il faut compter
60 000 €. Le projet que j'ai présenté à la fondation L'Oréal vise à monter des ateliers scientifiques à destination des étudiants, avec cette imprimante. L'idée est d'organiser une journée de travaux pratiques dans lesquels ils pourraient fabriquer des molécules Lego®. Au final, ce serait leur présenter les bases de la biofabrication, à savoir la fabrication du tissu vivant. La bourse est un vrai coup de pouce pour booster sa carrière. Ce projet d'atelier scientifique, je n'aurais jamais pu le monter si je ne l'avais pas eu, puisqu'il ne s'intègre pas dans les financements que l'on a obtenus.
Source: Recueilli par JENNIFER FRANCO pour www.midilibre.fr
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